Ici l'auteur l'auteur lit son oeuvre à voix haute
Format ex-libris 14,8*21 Broché
184 pages ISBN 978-2-918342-11-3 © Marc Pottier 2019
Le livre 22 € Franco toutes taxes CD offert
CD MP 3 Vies de traverse ISBN 978-2-918342-09-0 10 € franco |
Roman
Vies de traverse de Marc Pottier
Critique par Cécile de la Fnac de Nevers
Cet ouvrage rassemble des personnages de tous âges, du
jeune enfant à la personne âgée : l’auteur parle ainsi à toutes les générations.
Il touche aussi toutes les âmes, torturées et pures, grâce au contexte de
l’histoire : sur fond de guerre d’Algérie, les personnages recherchent la paix,
et surtout chacun cherche à se connaître soi-même, à retrouver ses racines, à se
construire. Leurs racines, c’est leurs familles ; leurs amitiés les aideront à
se (re)construire. Leurs forces, c’est eux-mêmes.
Le lecteur dérive ainsi parmi toutes ces différences
réunies dans cette œuvre, s’attarde sur une vie, celle qui lui ressemble.
Impossible de rester indifférent aux destins de ces vies traversées, le temps
d’un roman.
En plus de transporter le lecteur de vie en vie, l’auteur
s’amuse à aller encore plus loin, puisqu’il l’invite même dans sa propre vie :
au gré des chapitres, l’auteur se permet quelques apartés, nous plongeant dans
son quotidien, dans ses réflexions, nous permettant de s’imprégner de son
cheminement au fil de l’histoire. Pour encore plus de proximité avec lui,
l’auteur nous offre un CD audio inclut dans son livre. Pour le lecteur, que du
bonus !
En parlant de bonus, après le roman, le lecteur pourra se
délecter de la nouvelle qui a initialement inspirée l’auteur pour ce roman. Et
puisqu’elle est aussi bien que le roman, c’est vraiment une bonne nouvelle !
.
..
... Léonie s’approche de lui et l’enlace, ses larmes redoublent et les petits
viennent en grappe enserrer leurs parents, un coup de sifflet indique le proche
départ, la grappe se défait doucement, la locomotive lâche quelques jets de
vapeur, une fumée et quelques escarbilles qui effacent un peu le soleil. Élisée
tend le drapeau au nouveau chef de gare et se dirige vers son wagon, derniers
baisers, dernières étreintes, il est dans le train. Il trouve vite un
compartiment et s’approche de la vitre, il détache la large courroie de cuir qui
la maintient fermée, il se penche vers eux, des vibrations commencent à habiter
le train. Pas de mots, que des regards qui essaient de figer l’instant. Pas de
mots, que des regards et tant d’amour… Le train s’ébranle, il se penche un peu
plus, agite son bras, ouvre la bouche et crie gentiment : « On sera bientôt
ensemble, quinze jours seront vite passés… » Mais le sifflet de la machine coupe
la fin de sa phrase…
Un signe ?
Il roule, s’éloigne, le panache de fumée enrobe les siens, ils disparaissent.
Cette gare qu’il a tant parcourue, tant aimée, cette gare aujourd’hui prend un
parfum de guerre.
...
... Le menu est royal, un cochon en a fait les frais dans les jours qui ont
précédé et ses générosités font le bonheur des convives, certains disent, mais
les croirons-nous, que plus de quatre-vingts personnes étaient réunies ce
jour-là !
Gogues, fromage de tête, saucisses de courade, pounti, choux-farci, grillades,
tous les légumes qu’on a conservés et ceux qui commencent à poindre : petites
carottes et pois, doucette. Les bourrioles et le pain bis accompagnent. Les
champignons qui ont été mis à sécher ou bien enfermés dans des bocaux à
l’automne parfument les préparations, quelques giroles ont bien voulu sortir des
bordures de prés pour l’occasion et viennent ajouter leur fraicheur aux plats.
Il est même des morilles qu’un petit malin a apportées, il connait le coin et il
a toujours semé ceux qui voulaient le suivre…
Fromages du pays : Cantal de la laiterie de Saignes, Bleu de Trizac,
Saint-Nectaire de Besse-en-Chandesse arrosés de la piquette du pays venant de
raisins qui poussent en petits coteaux et en treilles, un peu râpeuse certes
mais, « elle fait des centenaires à ne plus que savoir en faire… » Pour
l’occasion le grand-père s’est défaussé de quelques pièces d’or et a acheté du
vin bouché qui, par gabarres, sur la Dordogne remonte de Bordeaux.
Des tartes, des crèmes, des fruits…
Des rires, des chants, des déclarations solennelles vite éteintes, Monsieur le
Curé qui honore la table et les carafons ne pourra pas se lever pour lire le
petit compliment qu’il a préparé, Monsieur le Maire tout en rondeur ravi par sa
prestance et qui frise sa moustache et l’autre et l’un…
Et Marcel heureux qui oublie demain.
Et Marie-Angèle sur un petit nuage qui oublie demain.
Et Firmin, le roi de la fête qu’on a un moment installé tout nu au milieu de la
table et qui a fait pipi sur un plateau de fromage, oh !
On dit que la nuit les a tous surpris, on dit aussi qu’ils ont oublié la nuit,
on dit aussi…