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coucuarth Un autre rivage  Théâtre  format romantique  20*11 broché  68 pages 
  
© Marc Pottier 2016

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Théâtre

               

                                                                                        

 

Cette pièce, construite à partir de la rencontre de deux personnages en quête de leur vérité, douloureuse vérité, se passe en un lieu unique. Si elle ne demande pas des moyens importants pour sa réalisation, par contre elle exige une extrême justesse de la part des acteurs. Construite à la manière d’un polar, elle amène par paliers à la vérité d’une ancienne affaire . La lente évolution des personnages et leur cheminement vers la dramatique conclusion peuvent apparaître comme l'intérêt majeur de ce texte. En filigrane, on lira le transfert de culpabilité (que j'ai rencontré dans une nouvelle d'Edgar Poe et qui a été le déclic de cette écriture).

 

  Extrait

— Éloïse :      Vous êtes un homme qui part, j'ignore pourquoi, mais vous êtes en partance. Pourquoi revenir ici avec votre fille et deux de vos petits-enfants, après vingt-cinq années? Pourquoi? Si ce n’est pour le leur raconter?

 

— Raymond :            Ils s’amusent, regardez-les!

 

 

 

— Éloïse :      Junior aussi s’amuse avec eux.

Pour revenir ici, c’est que vous avez commencé de vivre au passé.

 

— Raymond :            Vivre.

 

— Éloïse :      Vivre par eux, les nourrissant de votre passé?

 

— Raymond :            Vivre!

 

— Éloïse :      Par cette pitance là que vous leur avez donnée?

 

— Raymond :            Je suis en eux, ils sont par moi, par d’autres aussi, mais par moi. Je devais...

 

— Éloïse :      Vous deviez?

 

— Raymond :            Je leur devais...

 

— Éloïse :      Vous leur deviez?

 

— Raymond :            La vérité!

 

— Éloïse :      La vérité?

 

— Raymond :            La... vé... ri... té...

 

— Éloïse :      Votre vérité!

 

— Raymond :            La vérité!

 

— Éloïse :      Vous qui êtes âgé, vous qui, à vous entendre, avez “vécu”, vous qui hésitez tant à vous comprendre, vous croyez donc qu’il puisse exister une vérité qui ne soit pas autre chose que votre vérité? Vous croyez qu’il peut être Une Vérité, absolue vérité, vérité détachée de vous et qui mérite de nourrir vos rejetons ?

Vous croyez qu’il peut être une vérité qui nourrisse mon fils?

 

— Raymond :            Plus je vous connais, plus j’ai de peine à vous comprendre.

 

— Éloïse :      Vous tenez sûrement là une belle vérité.

 

— Raymond :            J’avais besoin de leur dire.

 

— Éloïse :      Ainsi cela est mieux dit.

 

— Raymond :         C’est vrai, j’avais besoin de leur dire. C’est vrai, c’est une manière de testament, pourtant je n’ai pas encore envie de partir, ni             ni de raison de penser que je sois prochainement amené à le faire.

                        Comment avez vous compris tout ça?

 

— Éloïse :      Sûrement est-ce que je ne vous connais pas encore.

                        Je ne vous connais pas.

                        Je vous découvre.

                        ...

                        Savez-vous?

 

— Raymond :                        ?

 

— Éloïse :      Je me découvre en fait.

 

— Raymond :            Junior?

 

— Éloïse :      Peut-être a-t-il commencé de disparaître!

 

— Raymond :            J’étais au même endroit.

 

— Éloïse :      Vous regardiez le large...

 

— Raymond :            Il n'était pas encore tout à fait nuit, il était tard pourtant, c’était il y a vingt-cinq années, tout juste vingt-cinq ans, les jours étaient encore un peu longs, nous allions à l’automne si nous ne n’y étions encore tout à fait, c’était peut-être cette heure ci.

 

— Éloïse :      C’était cette heure ci!

 

— Raymond :            C’était cette heure ci, il y a vingt-cinq années, peut-être ce jour ci.