Interview de l'auteur sur RBA par Jean-Claude Sangoï mars 2019 Diffusion sur Radio Bort Artense https://www.rbafm.fr/
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« La Puce et l’Artisou » nous rajeunit d’une vingtaine
d’années nous ramenant au début de la vulgarisation informatique. Son propos est
de mettre en parallèle le monde de l’Artisou (petit acarien qui habite les
croûtes de fromage) symbolisant le monde rural traditionnel et celui de la Puce
électronique qui a commencé à envahir l’univers.
L’Artisou a toujours existé, il existera assurément après
nous. Sous le nom de Ciron il a eu l’honneur d’être couché sur les pages de
Blaise Pascal, mais il a vécu bien avant, il a précédé le fromage ! Certains
scientifiques prétendent même que le fromage a été inventé pour lui.
Le roman est écrit sous la forme d’une aventure avec une
ambition philosophique, poétique et humoristique. Le décor principal est le
Cantal, mais on visite aussi Paris, Nevers, Saint-Amour et Grenoble…
Merci pour la balade : rafraichissante, passionnante, à
lire d’une traite (de vache Salers) ! E. G.
L’histoire est rondement menée, les personnages semblent
parfois sortir d’une B.D. et nous forcent à sourire, à rire parfois. Il y a
néanmoins un fond très sérieux dans cette aventure : la rencontre entre la puce
et l’artisou, image très bien choisie qui nous oblige à la réflexion.
H. J.
Récit attachant et précis pour
qui connait le Cantal, une découverte pour ceux qui ne le connaissent pas. Une
profonde connaissance de l’âme de ce pays préservé mise au service d’une
aventure qui sous son apparente légèreté cache une analyse sociologique ouvrant
des espaces d’avenir.
J'ai fini de lire "la puce et
l'artisou", j'ai bien aimé. Heureusement que tu expliques ce qu'est un artisou,
je n'ai pas trouvé ce mot dans le dictionnaire. Un roman policier, un thriller
doux, pas de mort, des renversements de situation plaisants, ça se lit bien. Tu
as réussi à y glisser des tranches de ta vie, en parlant d'un maire néo-rural !
Bravo ! Après le Tréport, la région rouennaise, le Cantal, on peut imaginer que
le prochain roman se déroulera en Martinique ?
Nous avons bien aimé cette aventure bien sympathique,
drôle, sentimentale mais aussi pertinente quant à l’évolution de notre société.
M.B.
Ce roman est d’une rare originalité, il séduit par le ton
léger qu’il emploie pour parler de sujets pourtant très sérieux. Tout en ayant
envie d’arriver vite à la conclusion de l’aventure on prend plaisir à s’attarder
dans les lieux qu’elle nous fait visiter, les anecdotes qu’elle nous livre et
les réflexions qu’elle nous inspire. Hubert
T.
L’interview de l’auteur
par Elliott
Elliott :
Encore vous !
L’auteur : À votre
demande, n’est-il pas ?
Elliott :
L'idée vient de mon rédacteur en chef, ne vous faites aucune illusion.
L’auteur : C’est
donc lui qui s’intéresse à moi ?
Elliott :
Il doit bien remplir ses pages intérieures !
L’auteur : Je ne
ferai donc pas la une ?
Elliott : Pour cela il faudrait vous
livrer à d’autres exploits. Je ne sais pas, essayez de faire un braquage par
exemple !
L’auteur : Un
braquage de librairie ?
Elliott : Pourquoi pas ? Le libraire
refuse de mettre votre bouquin en vitrine, vous sortez votre parabellum, le
menacez et devant son refus confirmé vous l’abattez froidement et prenez la
fuite…
L’auteur : Évidemment, ça risquerait de faire parler de
moi et du fond de ma geôle je pourrais compter mes royalties…
Elliott : Il faut peut-être éviter de
le trucider totalement, il a le droit de s’en remettre, mais il faut surtout ne
pas vous faire attraper, dans votre fuite vous laissez sur le sol quelques
exemplaires de…
L’auteur : « La
Puce et l’Artisou ».
Elliott : Voilà et moi je passe, j’ai
pris quelques photos de la scène, je ramasse vos bestioles et je cours faire mon
article, qui lui, c’est certain, passera à la une : « L’écrivain assassin »,
j’imagine déjà : une exclusivité de notre reporter Elliott…
L’auteur : Et c’est
à vous que profite le crime !
Elliott :
L’idée est de moi, il me faut bien un retour.
L’auteur : Et moi ?
Elliott : Vous fuyez dans un pays qui
aime les écrivains et n’a pas de traité d’extradition avec la France et moi
j’entretiens la légende : « L’écrivain assassin toujours en fuite »,
« L’écrivain assassin échappe de justesse à la police belge et se réfugie en
Azerbaïdjan… »
L’auteur : Vous
n’avez rien de plus ensoleillé ?
Elliott :
Cuba, non ?
L’auteur : Je vais
réfléchir.
Elliott : Imaginez : vos ventes vont
flamber ! À chaque article le nombre de vos lecteurs va doubler et entre deux
vous pourrez sortir un autre bouquin qui sera salué comme un chef d’œuvre
immédiatement.
L’auteur : Et vous
vous gagnerez du galon à chaque fois.
Elliott : Ce ne sera que justice
non ? Je me vois bien rédacteur en chef, qu’en pensez-vous ?
L’auteur :
L’histoire tel que vous la contez est séduisante…
Elliott :
…vous voyez !
L’auteur : Elle est
séduisante, sauf le début…
Elliott : … évidemment, vous trouvez
toujours à redire ! Ce qui est intéressant dans un roman, c’est la fin ! Le
vôtre en a-t-il une au moins ?
L’auteur : Je vous propose de la découvrir en commençant
par le début, ça aura le mérite de nous laisser le temps de réfléchir.
Elliott :
À quoi ?
L’interview par Janvier
Janvier : Vous êtes déjà de retour ? Voilà
moins d’un an que vous avez publié « Un autre rivage », je n’ai pas trouvé le
temps de venir vous interviewer à ce propos et déjà vous publiez : « La Puce et
l’Artisou », quelle énergie ! Mais si vous le voulez-bien, éclairez-moi sur ce
dernier titre.
L’auteur : Ma première rencontre fut avec l’artisou. Ce
petit acarien qui vit sa vie dans les croûtes de vieux fromages m’a fasciné.
J’ai pris le temps d’observer ses compagnies avec une loupe, un compte-fil pour
être plus précis, on ne les voit pas pratiquement pas autrement. En conditions
normales de température, ils sont en constante activité sur leur minuscule
territoire, je n’ai pas tout compris de leur activité mais j’en ai constaté le
résultat : un réseau complexe de galeries qui se cantonnent uniquement dans la
croûte sans altérer le cœur contrairement à d’autres envahisseurs indésirables
qui gâtent le fromage ; ceux-là, aux dires de nombreux connaisseurs l’améliorent
ou en tous les cas sont l’indice d’une pâte de grande qualité.
Janvier :
Remarquable, mais de là à en faire un roman ?
L’auteur : Rassurez-vous, ils n’en sont pas les acteurs
principaux ! Ils représentent symboliquement la vie traditionnelle des campagnes
par opposition à la puce (électronique) qui évoque la modernité. Ils vont
d’ailleurs se rencontrer durant l’aventure que conte le roman.
Janvier :
Un roman d’aventure donc ?
L’auteur : Oui pour une part, un « road-movie » à la
française : si la majeure partie de l’action se passe dans le Cantal,
on visite aussi Paris,
Lille, Nevers Saint-Amour ou Grenoble… Mais l’aventure est aussi le prétexte
pour parler de l’évolution éclair de notre société qui en quelques générations a
glissé d’un monde rural dominant vers une urbanisation massive, en en inversant
les rapports.
Janvier : Votre livre est un peu déroutant.
À l’abord on a l’impression qu’on nous raconte une histoire banale ; un de vos
lecteurs a d’ailleurs parlé de personnages de B.D., pourtant, plus on avance,
plus ils prennent de l’épaisseur et leur aventure devient une manière de
plaidoyer.
L’auteur : La B.D. est un art à part entière et bien
souvent ses personnages ont une psychologie très complexe et vivent-ils des
histoires fort peu banales, ils invitent souvent à la réflexion !
Janvier : Ne vous fâchez pas ! J’éprouve
moi-même un grand intérêt pour cet art qui est loin d’être mineur. Vous utilisez
sa manière pour dire des choses qui vous sont importantes. Mais pourquoi l’avoir
écrit ?
L’auteur : Si je vous dis que c’est après avoir acheté
un morceau de Cantal vieux, vous me croirez ?
Janvier :
Faudrait-il que vous me donniez quelques détails !
L’auteur : Vous
êtes bien installé, ça peut prendre un moment ?
Janvier : Allons-y !
L’auteur : Je ne reviendrai pas sur les raisons qui
m’ont fait atterrir en Cantal avec ma famille il y a plus de 40 ans…
Janvier :
Vous vouliez retrouver le paradis perdu de votre enfance me
souviens-t-il ?
L’auteur : Et d’une certaine manière je l’ai retrouvé,
mais il doit y avoir une manière de fatalité autour de ma recherche du paradis
perdu car après une vingtaine d’années, suite à un clash familial, je me suis
retrouvé en Martinique.
Janvier :
Un autre paradis ?
L’auteur : Oui, mais bien éloigné de mes bases. J’ai eu
un peu de mal à m’adapter, cela a mobilisé une grande part de mon énergie et
j’ai laissé en plan un roman que j’avais commencé à écrire et qui avait pour
décor principal le Cantal. J’ai rencontré mon actuelle campagne peu-après, il a
fallu survivre et le roman est resté bien au fond d’un des tiroirs de mon
ordinateur.
Janvier :
Et alors ?
L’auteur : Il a commencé à sortir d’abord sous la forme
d’une réflexion de ma compagne qui attendait la suite de cette histoire depuis
plus de dix-huit ans et puis quelques jours plus tard au rayon fromage d’une
grande surface j’ai rencontré ce fameux morceau de Cantal vieux à la croûte
joliment travaillée par des artisous ! Ce fut le choc et quelques jours plus
tard je reprenais ma plume abandonnée...
Janvier :
Et nous voilà ce soir…
L’auteur : Je ne devrais peut-être pas vous le dire mais
j’avais oublié une grande partie de ce que j’avais écrit alors, j’avais en moi
les grandes lignes et les principaux personnages mais il m’a fallu une relecture
très attentive pour remettre tout en mémoire.
Janvier :
Tout ?
L’auteur : Bonne remarque, en fait je me suis comme
« survolé » durant ces retrouvailles, me reportant près de vingt ans en arrière,
essayant de retrouver mon état d’esprit d’alors, ma vie d’alors aussi.
Janvier :
J’imagine que cela a dû être un voyage très particulier ?
L’auteur : Vous savez, vous ouvrez un vieil album de
photo… Mais là, en plus de ces émotions personnelles et de celles que j’ai
connues vis-à-vis d’un pays que j’ai aimé d’une manière très profonde,
charnelle, je me suis retrouvé en face de ma rencontre avec l’informatique. Vous
imaginez, en vingt ans ce qu’est devenu l’informatique, mais aussi ce que nous
sommes devenus vis-à-vis d’elle ?
Janvier :
J’imagine assez bien pour être de votre génération.
L’auteur : J’ai alors repris l’écriture de ce roman
d’une manière complètement différente de celle qui avait été la mienne alors.
Janvier :
Alors ?
L’auteur : Alors
j’étais très mal, tout venait de s’effondrer dans ma vie et je trainais ma
morgue d’amis en amis essayant de ne pas trop les encombrer de mes malheurs pour
me revigorer un peu de leurs bonheurs. L’écriture fut alors pour moi un fabuleux
moyen pour revivre.
A suivre
Extrait Page 239
Il sort du grand salon, c'est la quatrième pièce qu'il visite, une lueur
l'attire vers une pièce voisine, cette lueur, il la connaît bien : celle d'un
écran d'ordinateur.
Un rapide coup d'œil en bas, tout va bien;
Pas de bruit, il peut entrer sans danger.
Cette pièce-là n'a pas été déménagée, pas du tout, du mobilier de bureau,
l'ordinateur allumé un petit couchage et une penderie : un poste de guet
informatique en quelque sorte.
L'écran l'attire, c'est l'économiseur qui fonctionne dispensant à ses yeux une
aspiration d'étoiles. Il remue la souris, rien de passionnant mais ça éclaire
plus vivement l'entour, et c'est alors qu'il les voit !
Son premier réflexe est le recul, il n’a pas compris.
Un second examen et c’est la révélation ! Il approche, interpellé, fortement
interpellé : il n'est pas venu ici pour rien.
Dans la lumière morte, à la lueur vacillante et grésillante du moniteur, enfin,
il peut les voir.
Ils sont là, groupés, en pleine action, terrible réalité, monde en mouvance. Ils
sont des milliers, petites cellules simples qu'il peut voir grâce à la loupe de
ses lunettes. Quelle organisation! Á partir de micros-éléments, c'est un système
entier reconstitué, il n'est pas spécialiste, mais il conçoit bien l'importance
de ce qu'il a devant les yeux.
Chaque cellule communique avec l'ensemble des autres dans un gigantesque
maillage, il voit chacune munie de minuscules antennes qui s'orientent et
varient, ce doivent être des milliers d'informations qui circulent entre elles.
Á l'avant de chaque cellule, un organe mobile qui scrute et recherche, il a le
sentiment qu'il y a des repères dans la structure même qui les porte. Comme si
chacun déposait des informations sur des bornes à la disposition des autres, des
bornes de mémoire collective en quelque sorte.
Des milliers, des dizaines de milliers sur ce petit espace qui tournent et
virent dans tous les sens, se croisent, se chevauchent. Vont dans toutes les
directions en un désordre qui n'est qu'apparent. Le flux est très dense, mais
très organisé, pas d'accident, pas d'embouteillage, pas de carambolage : les
Artisous qui traînent dans la croûte de ce fromage vieux n'ont pas de temps à
perdre, leur survie en dépend.
Dans la lumière blême et radiante, à deux pas des puces électroniques, le face à
face est vertigineux et la tête lui tourne.
Ils ont existé bien avant, ils seront sûrement là bien après.
Ils ont existé bien avant ce morceau de Cantal, ils ont eu d'autres abris, ils
se sont adaptés, ont muté, depuis des millions d'années et ils sont là !
Ils? Pas ceux qu'il voit, mais leur espèce, chaque individu est éphémère, très
éphémère, mais l'espèce elle-même est éternelle ou presque.
Et leurs voisines, que sont-elles? Individuellement infiniment plus durables,
mais leurs systèmes, infiniment moins durable que celui de ces éternelles
petites bêtes.
Les puces électroniques, filles d'Artisou et qui pour l'heure narguent leurs
parents, exécutent milles pirouettes, milles prouesses, elles aimeraient bien
épater ceux-ci. C'est vrai qu'elles les supplantent, les dominent : elles
traversent l'espace, leur union, leur système, si jeune système, organise, gère
et construit des mondes colossalement plus importants.
"Donnez-moi un levier, un point d'appui et je soulèverai le monde..."
Les puces, si petites, sans levier, sans point d'appui, le font et pourtant les
Artisous ont l'air complètement indifférent.
Les Artisous s'en fichent, ils étaient là avant, ils seront là après.
Ils ont le temps.
– Monsieur a des problèmes, Monsieur a faim peut-être. - c'est sûr, dans son dos
ce n'est pas un Artisou qui vient de parler.
– Monsieur a un message, vous devez rappeler
Mademoiselle Espinoux dès que possible.
– Allô, Mademoiselle Espinoux?
– C'est malin imbécile. - Charlotte n'aime pas
trop qu'il l'appelle ainsi, pourtant c'est bien son nom - Tu ne perds rien pour
attendre. Et pour commencer, je vais t'en apprendre une bien belle.
– Ah oui?
– Élodie m'a appelé aujourd'hui, elle m'a donné
le sens du programme Alceste.
– Et tu crois m'épater?
– Mon cher Benoît, tu ne vas pas me dire que tu
sais de quoi il retourne?
– Et bien je vais te surprendre, je sais!
– ...
Chacun son tour, à vrai dire, il ne sait pas,
mais le plaisir de clouer le bec à Charlotte avant qu'elle ne lui étale sa
science est quelque chose d'incomparable. Ce long silence qui suit Charlotte,
c'est encore de la Charlotte... S'il pouvait prolonger ce plaisir, ce serait
encore mieux, après tout, pourquoi pas, il a quelques éléments, il va broder!
– Je ne vous entends pas Mademoiselle Espinoux,
des problèmes?
– Raconte, puisque tu es si fort.
– Et bien voilà; Internet, tu connais Internet?
– ...
– Internet est un système de communications
informatique mondial transnational. Internet commence à hérisser quelques états
et groupes multinationaux, l'information est une donnée précieuse, par Internet,
on peut passer des textes, des images, des sons, des dossiers techniques...
Enfin bref tout le monde peut dire tout à tout le monde, et tout le monde peut
disposer de données qui ne regardent personne. Tu suis?
– Continue.
– Sur Internet, mille façon de déjouer les
indiscrétions : les codes, les sites changeants et cetera... L'idée pour ceux
qui essaient de mettre Alceste en place est de gérer cet immense flux de
communications, de les identifier, de les répertorier et de remonter aux
sources. Ainsi, grâce à l'apparente liberté de communiquer, les initiateurs
d'Alceste disposeraient en fait d'un gigantesque fichier de renseignements
permettant de savoir qui communique avec qui, qui s'intéresse à quoi. Alceste
permettrait en fait d'établir une fiche personnelle par demandeur d'accès,
allant jusqu'à identifier de manière personnelle celui qui est derrière le
micro-ordinateur, chacun ayant une manière personnelle de traiter son clavier.
Jusque-là ça va?
– Et où tu as trouvé tout ça?
Pas possible, sa fable n'est pas une fable,
fantastique! Il est dans le vrai!
– Je te dirai où j'ai trouvé tout ça, et
prépare toi à une surprise de taille. Mais je termine. Le problème, enfin, les
problèmes pour arriver à tous ces résultats, c'est de remonter vers les sites
Internet qui sont des dizaines de milliers et de gérer ensuite des milliards de
données par seconde. Une des réponses ce sont les faisceaux satellites, Alceste
serait alimenté par plusieurs satellites qui détecteraient et analyseraient les
communications de leurs voisins. Ensuite tout serait retourné sur notre bonne
vieille planète pour traitement. Alceste mastiquant alors cette gigantesque
source d'informations.
– Pas mal et quoi d'autre? Alceste
fonctionnerait comment plus précisément?
– Et, beh, ... euh, vu le travail, tout serait
partagé sur une quantité de petits sites travaillant dans différents pays.
– En utilisant les besoins et les ressources de
ces différents pays, et l'ensemble de ces sites étant reliés par des techniques
télétravail en utilisant, ironie du sort le réseau Internet. - ne peux
s'empêcher de conclure Charlotte. - Et bien toi, tu m'épates, c'est exactement
ce qu'Élodie vient de me décrire et qu'elle a trouvé dans les fichiers que nous
lui avons passés. Chapeau l'artiste! Maintenant, je peux savoir d'où tu as
déniché toutes ces merveilles?
– Et bien ma petite Charlotte Espinoux, figure
toi que tu viens de vivre en direct ma plus belle improvisation.
– Non?
– Et si, j'ai tout inventé!
– Tu te fous de moi!
– Et non. Enfin, il y a une chose que j'ai
apprise quand même : par Mimile j'ai su que l'affaire concernait Internet, pour
le reste, c'est mon petit ordinateur portable occipital qui a deviné.
Joli coup, pas prévu, Benoît vient de remonter
une ribambelle de points dans le grand jeu de l'hiver. Il raconte alors à
Charlotte les événements de la journée, elle a été tellement secouée par sa
trouvaille qu'il peut tranquillement dérouler son récit sans être interrompu.
Que tu es belle Charlotte quand tu es silencieuse, mais ça, il ne lui dira pas,
de peur de la réveiller. Pour conclure, reste à porter l'estocade :
– Fifty, ça ne te dis rien?
– Non pas vraiment.
– Parles en quand même à Élodie, apparemment,
c'est elle qui mènerait la bande des coréens, elle aurait été associée d'Armand
et ils se seraient brouillés.
– Fifty, comme fifty-fifty?
– Sans doute, Émile ne m'a pas épelé.
Le temps de terminer les détails du tableau et
le téléphone est chauffé au rouge, il faudra bien qu'ils finissent par
raccrocher.
– Et quand est-ce que mon petit génie reviendra
auprès de sa pauvre petite Demoiselle Espinoux?
– Pas demain, c'est Lille, après, je ne sais
pas.
– Demain c'est Vendredi, ma saison est prête,
j'ai une stagiaire en ce moment qui se débrouille au poil, il n'est pas encore
trop tard, je lui téléphone et demain je suis à Lille et avec toi pour un trop
court week-end en amoureux jusqu'à Lundi. Je regarde les horaires sur Minitel,
tu me rappelles dans une demi-heure pour notre rendez-vous et vogue la galère.
Il faut bien décorer le roi des détectives et seuls mes bras peuvent le faire.
Benoît n'a pas le temps de dire un mot que dans
la préfecture du Cantal, un téléphone vient d'être raccroché qui lui renvoie un
son monotone et rythmé, qui le renvoie surtout à lui-même.
Une demi-heure après il a ses instructions :
arrivée à Lille 19H47, après le rendez-vous d'Armand donc.
Voilà comment elle est Charlotte!
Voilà comment il est Benoît : triomphant mais
opprimé!
Pour l'heure, assis sur le bord de son lit, ses
chaussures à la main, il regarde les rideaux.
– Ils sont pas mal ces rideaux!